Le Gaec du Prarupt est situé à Saulxures-lès-Nancy, au sein de l’agglomération nancéenne. Une partie du lait est vendue directement sur l’exploitation. « Les clients sont des citadins, et il n’est pas rare que les discussions avec eux tournent autour de l’empreinte environnementale de la ferme », témoigne Denis Piard, l’un des deux associés. C’est notamment pour apporter des éléments de réponse qu’il a participé à l’initiative Ferme laitière bas carbone. L’éleveur était également désireux d’en savoir plus sur son activité, et d’améliorer ses pratiques. La phase de diagnostic se déroule en 2015, alors que se profile la COP21. Elle aboutit à un résultat de 0,77 kg équivalent CO2 émis par litre de lait (voir encadré). Un chiffre légèrement inférieur à la moyenne nationale, qui laisse entrevoir des pistes de progrès.
Les premiers vêlages, le plus tôt possible !
La moitié des émissions de l’atelier laitier correspondent à la rumination des vaches. Pour gagner en efficacité, une première piste est d’avancer l’âge au premier vêlage pour les génisses. « Nous avons acquis de nouvelles surfaces en herbes à la fin des années 2000, mais nous manquions d’animaux pour les entretenir, nous avons donc choisi d’y laisser les génisses un peu plus longtemps avant la première insémination », détaille Denis Piard. Ces génisses émettaient des gaz à effets sans être productives jusqu’à un âge « avancé ». La première génération de vaches à bénéficier du changement de calendrier a mis bas à l’automne 2016.
Autre piste : s’attaquer aux 10 % d’émissions liées aux achats d’aliments, en progressant vers l’autonomie protéique. Pour équilibrer les rations en protéines, l’éleveur avait recours à des compléments alimentaires, produits à l’extérieur de l’exploitation, alourdissant le bilan carbone de celle-ci et les charges alimentaires. Désormais, le parcellaire cultivé comprend du pois de printemps, en plus de la luzerne. Cette protéine « maison » a plusieurs mérites, au-delà du critère carbone. « Cela permet de diversifier l’assolement, ce qui facilite la gestion des mauvaises herbes, qui ont plus de mal à s’adapter quand les cultures différentes se succèdent », illustre notamment Denis Piard.
Une économie de 1 800 € par an sur les compléments alimentaires
Le comptable de l’exploitation n’a pas émis la moindre réserve sur ces aménagements. Au contraire, il avait exprimé des recommandations similaires avant même le diagnostic. Une vache plus rapidement productive présente un meilleur bilan carbone, mais dégage aussi plus rapidement du revenu. Économiquement toujours, l’investissement dans des correcteurs azotés, qui complémentent les rations, s’est réduit de 1 800 euros par an. « Nous avions déjà entamé la réflexion et implanté du pois dès 2015, raconte Denis Piard. Le diagnostic nous a confortés dans nos choix. »
Le comptable de l’exploitation n’a pas émis de réserve sur les aménagements prévus pour réduire le bilan carbone, au contraire !
Sans réclamer d’investissement particulier, le changement a surtout demandé de l’adaptation au niveau organisationnel. « Des questions très techniques se sont posées, notamment dues aux conditions pédoclimatiques de la région, pas forcément idéales pour le pois de printemps », admet l’agriculteur. Les deux premières récoltes n’ont d’ailleurs pas été très bonnes dans la région. Mais les agriculteurs locaux se veulent rassurants : les rendements, entamés par la météo en 2015 et 2016, peuvent être bien meilleurs.
Si le prochain diagnostic interviendra en 2017, pour mesurer les effets de ces premières mesures, Denis Piard est d’ores et déjà motivé pour élargir la démarche aux deux autres activités du Gaec : atelier bovin viande et cultures commercialisées.